COMME UN AVION SANS AILES

Publié le par Philippe DAVID

L'article que j'avais écrit le 9 juillet 2008 concernant le "contrat du siècle pour EADS"

L'actualité nous montre que j'avais été bon prophète...... 

 

 

Mercredi 9 juillet 2008

 

Même quand l'ours paraît mort on n'est pas toujours sur d'en récupérer la peau. La preuve pour Airbus qui voit son contrat avec l'US Air Force passer à la trappe. Un bel exemple du libre échange version US.

 

COMME UN AVION SANS AILES

Certains avaient crié victoire un peu trop vite ou avaient vendu la peau de l'ours un peu trop tôt en croyant qu'Airbus avait remporté le "contrat du siècle" des avions ravitailleurs de l'US Air Force face à Boeing.

Patatras. Sous la pression de l'avionneur de Seattle et des lobbies ultra-puissants du Congrès (démocrates en tête), la cour des comptes US a donné raison à Boeing dans son recours contre Airbus, ouvrant la voie à l'annulation du contrat par le pentagone. Le Ministre de la défense, Robert Gates, l'a annoncé aujourd'hui: le contrat est purement et simplement annulé et tout doit repartir à zéro pour que le marché soit attribué d'ici la fin de l'année. Inutile de dire que, les élections ayant lieu en novembre, tout sera fait pour que le contrat soit obtenu par Boeing et il ne restera aux européens que le souvenir d'une victoire transformée en défaite sur tapis vert!

Cela montre à quel point ceux qui nous donnent des leçons de libre-échange et nous reprochent de ne pas être prêts à signer n'importe quoi à l'OMC, les américains en tête, feraient mieux de se taire plutôt que de jouer les professeurs de libéralisme. J'avais dit, dès l'annonce de la signature du contrat, que celui-ci serait annulé. La nouvelle avait été, de mémoire, annoncée un samedi et je l'avais dit à des amis chez qui nous avions été invités à dîner le soir même. Ils m'avaient rétorqué qu'un contrat est un contrat et qu'un état comme les USA doit honorer sa signature, chose à laquelle je leur avais répondu que les américains n'achètent, surtout dans le matériel de défense, qu'américain. J'ai malheureusement été une fois de plus bon prophète.

Cela nous prouve, mais ça n'est pas une nouveauté, que la conception américaine du libre échange est la suivante: vous devez être ouverts à tout ce qui est américain tandis que nous serons fermés à tout ce qui n'est pas américain. D'ailleurs les consommateur US sont incités à acheter américain avec force panneaux et drapeaux à l'entrée des hypermarchés sur lesquels on peut lire "acheter américain sauve les emplois aux Etats-Unis".

Voyons quelques exemples: pas plus de 1% de chansons en langues étrangères aux USA; impossibilité de vendre un film  tourné dans une autre langue que l' anglais (voir les nombreuses copies de films français comme "Oscar "ou "9 mois" en attendant "le dîner de cons" et  bientôt "bienvenue chez les ch'tis"). J'avais rencontré, il y a une dizaine d'années à l'aéroport de Lisbonne, Patrick Braoudé, le réalisateur du film "9 mois". Je lui avais dit qu'il était dommage que son film ait été copié avec comme acteur principal Hugh Grant, chose à laquelle il m'avait répondu, désabusé, "impossible de vendre un film étranger aux USA, on a pourtant tout essayé"!

Dans l'industrie même combat avec, pour ceux qui connaissent l'électricité, l'obligation de passer par la norme "UL". Pour être certifié "UL", une seule solution: faire venir à ses frais plusieurs fois par an (2 je crois) une personne de l'organisme de certification. Coût de la moindre visite pour faire certifier un produit: 1000€. Vous imaginez le coût inabordable pour une PME qui a 30 ou 40 références à faire certifier!

Dans l'agriculture on pourrait ajouter le Perrier interdit pour cause de présence de benzène ou les fromages bannis car jugés potentiellement dangereux par la très puissante FDA, la Food and Drugs Administration.

J'arrêterai là ce court inventaire du protectionnisme tant commercial que culturel des USA, sachant qu'on pourrait en dire autant de l'Inde, de la Chine ou du Japon. Heureusement qu'il y a quelques jours Peter Mandelson n'a pas signé à l'OMC un accord qu'il jugeait lui-même "déséquilibré".Mais, comme en France tout se termine en chanson, on en est presque à fredonner en pensant à l'aéronef ravitailleur d'Airbus "comme un avion sans ailes".

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