PRENDRE SES REVES POUR DES REALITES
PRENDRE SES REVES POUR DES REALITES
Coluche avait définitivement raison: les politiques sont de grands comiques. Comprise, par qui peut, l'immatriculation au choix du client, nous voici maintenant avec un morceau de choix: la dernière déclaration de Ségolène Royal.
Oui, on l'avait un peu oubliée depuis quelques temps mais, le congrès de Reims approchant à grands pas, il faut faire parler de soi au Parti Socialiste pour se faire une image de premier secrétaire. Et, les projets de Bertrand Delanoe, Martine Aubry et Ségolène Royal étant les copies conformes les uns des autres, il faut bien se différencier de la seule manière qui existe et qui se résume en une phrase: Plus anti-Sarkozy que moi, tu meurs. Je profite de ce passage pour rappeler que la seule motion qui vaille est la motion de Benoit Hamon dont le score nous dira si le PS est encore un parti de gauche et, surtout, s'il a une chance de faire autre chose que de la figuration lors des prochaines élections nationales, les élections locales étant du pain béni pour le PS qui, comme le dit Michel Charasse, surclasse tous les autres partis en ce qui concerne l'entretien des trottoirs.
Ainsi donc, dans cette course à l'échalote anti-Sarkozy, Ségolène Royal a voulu frapper fort. Plus fort que Martine Aubry qui déclarait hier "qu'avec ses mesurettes, le Président ne faisait qu'ajouter de la crise à la crise" ou que Bertrand Delanoe qui déclarait le même jour que "la crise française précède la crise mondiale" .A croire que, pour Martine Aubry, il est urgent de ne rien faire et d'attendre que les choses se passent et que pour Bertrand Delanoe les "subprimes" et les "junkbonds" ont été crées de toute pièce par Nicolas Sarkozy qui, en plongeant la France dans la crise, a entraîné le monde avec. En termes de mauvaise foi, il serait difficile de départager le vainqueur antre Martine Aubry et Bertrand Delanoe sans l'aide de la "photo finish"!
Mais il n y aura pas besoin de photo finish, sauf pour la troisième place, car Ségolène Royal en est allé de sa citation qui laissera la France entière pantoise.En effet, la candidate socialiste à la dernière présidentielle a déclaré aujourd'hui "qu'elle aurait eu les moyens de convaincre Angela Merkel de participer à un plan d'action européen pour faire face à la crise car il y aurait eu (entre elle et la Bundeskanzlerin) un lien de confiance et pas cette condescendance de Nicolas Sarkozy envers la chancelière allemande". Et, pour en remettre une couche, Ségolène Royal a cru bon de proposer "la constitution d'un gouvernement de développement économique franco-allemand qui permettrait de dégager une énergie industrielle dans tous les domaines sur lesquels nous avons une capacité à nous défendre". N'en jetez plus, la coupe est pleine.
Qui peut en effet croire que Ségolène Royal aurait pu convaincre Angela Merkel de quoi que ce soit alors que, les faits l'ont prouvé, Angela Merkel conçoit l'Europe de la manière dont la concevaient les Empereurs du Saint Empire Romain Germanique, c'est à dire que l'Allemagne décide et les autres acquiescent?
Qui peut croire que Ségolène Royal aurait pu convaincre Angela Merkel de la désastreuse politique d'euro fort de la BCE qui a crée nombre de fermetures et de délocalisations?
Qui peut croire que Ségolène Royal aurait pu convaincre Angela Merkel de la nécessité de créer un "gouvernement de développement économique franco-allemand" alors que la même Angela Merkel trouve scandaleuse la création d'un fonds souverain français pour racheter des entreprises françaises sur le point d'être rachetées par des fonds spéculatifs étrangers? Rappelons simplement qu'Angela Merkel, toujours elle, a totalement soutenu la " Loi Volkswagen" qui fait qu'aucun acquéreur étranger, même avec une majorité du capital, ne peut dépasser 20% des droits de vote au sein du directoire du constructeur automobile allemand ( l'Allemagne est d'ailleurs attaquée pour cette loi auprès des instances européennes)?
En clair, pour Angela Merkel, ce qui vaut pour l'Allemagne ne vaut pas pour la France ni même pour les autres. On imagine l'accord que Ségolène Royal aurait passé avec Angela Merkel vu les circonstances mais, quand on imagine le type d'accord que Ségolène Royal aurait obtenu, cela ne se serait plus appelé "accord" mais "capitulation" ce qui n'est pas, mais pas du tout, la même chose.
Manifestement, Ségolène Royal n'ayant rien de différent à proposer par rapport à ses concurrents désireux de devenir premier secrétaire à la place du premier secrétaire, il ne lui reste plus qu'une chose: Prendre ses rêves pour des réalités.
Philippe DAVID