COMME DIRAIT ALAIN MINC...
COMME DIRAIT ALAIN MINC...
Il n'y a pas que la France et l'Europe qui subissent des délocalisations.Pas que l'Amérique du Nord non plus. On nous parle de temps en temps de telle usine qui ferme ici et telle autre qui délocalise là mais certains n'imaginaient pas encore que ce serait désormais au tour de la Chine de subir des délocalisations pour cause de "salaires trop élevés". Non, vous ne rêvez pas, la Chine est désormais pour les tenanciers de la haute finance mondiale un pays où les coûts salariaux sont "trop élevés" dixit Herbert Hainer, le PDG d'Adidas, qui annonce vouloir se retirer partiellement de Chine pour aller au Cambodge, au Laos ou au Vietnam où les salaires sont plus compétitifs. Une usine a déjà ouvert en Inde où les salaires sont aussi moins élevés qu'en Chine.
Mais enfin, pourquoi cette soudaine "peur" des coûts salariaux chinois? Tout simplement du fait de l'augmentation du niveau de vie et de l'inflation qui ont fait grimper les salaires en Chine de 18% et qui font que, désormais, le salaire mensuel moyen chinois est de 202 euro par mois. On comprend l'envie de délocaliser du PDG d'Adidas qui embauche ni plus ni moins que des nantis qui, vous vous en doutez, roulent sur l'or avec 202 euro par mois!
Rappelons simplement que Adidas aurait réalisé 1.1 milliards de dollars de bénéfices avant impôts en 2007 (en hausse de 68% par rapport à 2006) et que son PDG aurait gagné 2.8 millions d'euro l'année dernière ce qui prouve que les problèmes de coûts salariaux ne sont pas pas les mêmes pour tout le monde.
Cependant, j'aimerais entendre les sportifs sous contrat avec Adidas, Zidane en tête, qui sont toujours prêts à donner des leçons de morale à la planète entière dire ce qu'ils pensent de ces chinois payés au lance pierres qui vont perdre leur emploi.
Il y a quelques années Alain Minc avait écrit un livre intitulé "la mondialisation heureuse". Des salaires de 202 euro par mois jugés trop élevés par des gens gagnant 2.8 millions d'euro, c'est peut-être ça la mondialisation heureuse.
Philippe DAVID